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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/109

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GŒTHE ET BEETHOVEN

effort pour intéresser Gœthe à son humble vie domestique, à son neveu de seize ans, dont il exagère fièrement le savoir et les connaissances du grec ! (a Mais cela coûte gros, Vinstruction d’un garçon ! ») Quel amour respectueux il professe pour Gœthe, quel souvenir vibrant « des heureuses heures vécues près de lui », quelles « Verelirung, Liebe und Hochachtung », que la gaucherie de l’expression rend encore plus émouvantes, et surtout, quelle crainte de donner le soupçon que l’expression de cet amour et la dédicace de deux grandes œuvres : Meerc^stille et Glückliche Fahrt 1 à Gœthe eussent un mobile intéressé ! Il semble qu’un homme généreux n’aurait pas supporté, vingt-quatre heures, de laisser l’épine de ce souci dans ce grand cœur confiant. Il semble que ses bras auraient dû s’ouvrir, et que, même n’éprouvant aucun intérêt pour une Missa Solemnis, un Gœthe devait dire à Beethoven :

— « Merci d’avoir compté sur moi. Ne vous excusez pas ! Vous hutnilier devant moi, c’est m’humilier. »

Gœthe ne répondit jamais. — A cela, ses ennemis trouvent une raison commode : c’est qu’il était « un mauvais homme » 1 2. Ses adorateurs, 1. Gœthe en avait noté la réception, le 21 mai 1822 ; et cet homme si attentif aux règles de la courtoisie n’avait pas eu un mot pour remercier Beethoven.

2. Teodor de Wyzewa : Beethoven et Wagner. L’article sur Beethoven et Gœthe est puéril et empli d’erreurs.