témoigna un fraternel dévouement, il souscrivit à la Missci Solemnis, il mit à la disposition de Beethoven son Singchor, de cent soixante voix, la meilleure société chorale d’Allemagne ; et régulièrement furent inscrites à ses programmes tes œuvres de celui qu’il compare, désormais, à Michel-Ange.
Mais — triste lâcheté humaine ! — il se garde de parler à Goethe de la Missa Solemnis. Et quand mourra Beethoven, Zelter, qui secrètement s’incline devant le demi-dieu disparu, ne se risque pas à l’évoquer devant Gœthe. De toute l’année, semble-t-il, le nom de Beethoven, entre eux, n’a pas été prononcé 1.
Un tel silence ! Effroyable, inhumain !... Mais qui ne sait combien de fois Gœthe en a recouvert la mort — la mort de ses plus proches et le secret de ses pensées — comme d’une dalle de tombeau ! A soixante ans, il dit à Riemer 2 : « Celui-là seul qui a été le plus livré à sa sensibilité, peut devenir le plus dur et le plus froid. Il lui faut s’entourer d’une épaisse cuirasse, pour se que s’il s’adressait à un saint du ciel ». Beethoven en est bouleversé d’émotion et de reconnaissance.
1. Pas un mot non plus dans la riche correspondance de Rahel, qui embrasse tout l’horizon intellectuel et artistique de l’Occident. Il faudra dresser la liste des personnalités allemandes de l’époque, pour qui la mort de Beethoven passa inaperçue. Et qu’on ne l’explique point par le peu de bruit de cette mort ! L’apothéose populaire des funérailles, à Vienne, eut un retentissement triomphal. 2. 24 juillet 1809.