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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/134

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GŒTHE ET BEETHOVEN

RÉCONCILIATION

a La passiu/i apporte souffrance ! — Qui apaisera le cœur oppressé, quand il a tout perdu ? Où sont les heures vite envolées ? En vain, le plus beau sort t’était échu... Trouble est l’esprit, confuse la volonté. Le monde auguste, comme il échappe à ton étreinte !...

Soudain flotte dans l’air une musique aux ailes d’ange, elle entrelace les mélodies aux mélodies, elle pénètre l’être, de part en part, elle le remplit à déborder de la beauté éternelle ; les yeux se mouillent, ils reconnaissent dans leur plus haute aspiration, le divin prix des chants comme des larmes. Et le cœur allégé s’aperçoit soudain qu’il vit encore, quil bat, qu’il voudrait battre, pour se donner lui-même en pur remerciement de la largesse qui lui est faite... Ainsi s’est révélée — oh ! que ce soit pour jamais ! — la double félicité de la musique et de l’amour 1 ! »

1. Il aura bien soin de faire connaître à l’avenir le nom de son inspiratrice, ce qu’il lui deit, et les souffrances d’où elle l’a aidé à ressurgir. Dans ses « Aufklàrende Bemerkungen » de 1826, il dit de son poème : a Aussôhnung » :

a Ce poème, qui exprime les souffrances d’un amour oppressant... fut inspiré par le haut art de Mme Szymanowska, en une heure grave, et lui a été originairement offert. » Goethe voulut même traduire ce poème en prose française (19 janvier 1824). Et encore en 1831 (7 décembre), il encourage fcoret à le traduire en vers français, et il lui promet de l’aider.