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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/172

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GŒTHE ET BEETHOVEN

a musique dramatique ne suffisait point à Gœthe. Il avait le goût de la grande musique religieuse et de la musique de chambre.

Pour la première, les ressources étaient fort réduites, à Weimar. A la meilleure époque, celle de Schiller et ITerder, c’est tout au plus si on exécutait, en dix ans, trois ou quatre oratorios de Haydn et Graun. Le pire était que le superintendant général de l’école et de l’église, Herder, et le directeur du théâtre, Gœthe, étaient contraints, par la pénurie des ressources, de se disputer les rares choristes. Herder se lamentait, à juste raison, que Gœthe lui enlevât (il le devait, pour faire vivre son Opéra) les chœurs de séminaristes.

PGur la musique de chambre, elle consistait surtout en concerts de virtuoses. Gœthe était insatisfait. Son vœu de toute la vie, exprimé dans Wilhelm Meister, était que la musique fût mêlée à chacune de nos journées. Il rêvait d’une chapelle particulière. Et, en septembre 1807, il la fonda. L’heure était propice au recueillement. La défaite de l’Allemagne, après Iéna, la contraignait à se replier sur elle-même. La source intérieure se rouvrit. Bode a bien mis en lumière le rapprochement qui s’opéra entre les classes de la société et les provinces diverses de la patrie. Tous éprouvaient, comme jamais avant, jamais après, le besoin d’une communion spirituelle