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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/180

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GŒTHE ET BEETHOVEN

nuèrent sa tradition pendant un demi-siècle 1. D’autre part, la duchesse mère, Brunswick d’origine, bonne musicienne, avait eu pour maître Joh.-Ernst Bach d’Eisenach, qui l’avait suivie à Weimar. Il est à penser qu’elle joua plus d’une fois, à Goethe, du Jean-Sébastien. — Il n’avait pas été sans rencontrer aussi des admirateurs fanatiques de Jean-Sébastien (car il n’en manquait pas, en ce temps : tel le jeune comte Wolf Baudissin, qui parlait de « mourir pour Bach ! » Ce qui n’avait pas été du goût de Goethe 1 2). — Son ami, le musicologue Rochlitz, avait rappelé, en 1800, à l’Allemagne oublieuse, la survivance d’une dernière fille de J. S. Bach, dans la misère ; et il avait suscité pour elle un mouvement de pieux intérêt. (Beethoven s’y était associé chaleureusement.) — Enfin, Zelter avait fait à Goethe, en 1810, de petites conférences sur Jean-Sébastien et ses grands émules ou précurseurs. Gœthe n’ignorait donc aucunement l’importance de J. S. Bach et sa place exacte dans l’évolution musicale.

Mais l’expérience directe et l’impression définitive lui vinrent, en 1814, de son ami l’inspecteur des bains de Berka près Weimar, Joh. Heinrich Schütz. Ce gros petit homme réjoui et un peu

1. Son élève Joh. Kasp. Vogler fut organiste, à Weimar, pendant quarante-quatre ans, jusqu’en 1765.

2. En 1800. J’ai conté plus haut cet entretien.