Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
169
GŒTHE MUSICIEN

un produit de l’art, qui l’aurait obtenue par une diminution de la grande tierce majeure. Gœthe ne l’admet point. C’est, dit-il, la nature de l’homme qui est la source du Tonwelt (de l’univers musical). C’est en elle qu’il faut chercher, et non sur les instruments artificiels dont font emploi les expériences mathématiques. « Qu est-ce qu’une corcle et ses divisions mécaniques, en comparaison de Voreille du musicien ? Oui, on peut aller jusqu’à dire : Que sont les phénomènes de la nature, comparés à l’homme, qui doit d’abord les dompter et les modifier tous, pour pouvoir se les assimiler dans une certaine mesure 1 ? »

Aussi, son puissant subjectivisme accueillet-il avec enthousiasme la suggestion de Schlosser, que les deux tonalités, majeure et mineure, sont deux états différents de la même et unique Tonmonade — de l’Unité de son, vivante. « Si la Tonmonade se dilate, le majeur jaillit. Si elle se resserre, naît le mineur. » Le centre de la monade serait constitué par le son le plus profond, et la périphérie par le son le plus haut. — Mais sur les appréciations esthétiques ou morales des deux tonalités, Gœthe et Schlosser n’étaient plus d’accord. Car Schlosser, teinté de religiosité romantique, inclinait à trouver le centre de gravité de la musique dans la mélancolie de l’âme qui se concentre et se retire de la nature extérieure : 1. 1808.