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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/191

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GŒTHE MUSICIEN

Intellectuellement, bien peu de choses. Les besoins nouveaux qui la travaillaient, il les sentait aussi. En juin 1805, annotant le Neveu de Rameau, il distinguait deux courants musicaux : celui de l’Italie, essentiellement vocal et mélodique, celui de l’Allemagne, instrumental et harmonique. Et il appelait de ses vœux le maître qui, mariant les deux, ferait entrer dans la musique instrumentale les forces du sentiment ( Gemütskràfte) 1.

Il disait juste ; et sa conclusion aurait dû être :

— « Ce maître est venu... Beethoven... » — Mais à cette date, Goethe n’en avait encore rien entendu 1 2.

Fixait-il des limites au pouvoir expressif et descriptif de l’art des sons ? — Aucune. Quand, en ISIS, Adalbcrt Schœpke lui demande : « Quelles sont les bornes de Vimitation en musique ? » Gœthe répond : « Rien et tout... Rien, comme on le reçoit immédiatement par les sens extérieurs. Mais tout ce qu on ressent intérieurement par Vintermédiaire de ces sens, a Das Innere in Stimmung zu setzen, ohne die gemeinen aussern Mittel zu brauchen, ist der Musik grosses und edles Vorrecht. » Ce sont exactement les principes de Beethoven : 1. A quoi Zelter, qui n’y avait point songé, s’écriait, ébahi : « Vous et lui (le Neveu de Rameau), vous vous entendez à la musique m mieux que moi ! »

2. Il entendit un morceau de Beethoven, pour la première fois, semble-t-il, cinq mois plus tard. 93