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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/193

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GŒTHE MUSICIEN

Ce n’est pas peu que le souverain de l’intelligence, le grand Gœthe, à la sortie de sa vie, souscrive à cette reconnaissance des droits régaliens de l’intuition musicale !

Beethoven et Gœthe n’auraient-ils donc pas dû être d’accord ? A quelle pierre d’achoppement s’est heurtée la compréhension musicale de Gœthe ? — Sa compréhension intellectuelle, à aucune ! Sa tolérance physiologique, aux limites bien naturelles que l’âge impose à la sensibilité organique. C’est trop demander à un homme de l’âge de Cimarosa, de Haydn et de Mozart, qu’il partage les émotions de l’âge de Weber, de Schubert et de Berlioz 1 ! Qui donc de nous est capable de se renouveler complètement, après un demi-siècle ? Le seul nouveau génie musical que Gœthe aurait pu normalement adopter et s’incorporer, dans son cycle de vie, c’était Beethoven ; et j’ai tâché d’expliquer les raison du malentendu. Certes, la grandeur et la nouveauté de Weber, de Schubert, de Berlioz, lui ont échappé. Encore importe-t-il d’examiner de près certaines de ces incompréhensions —-> et particulièrement celle de Schubert.

1. Gœthe, qui avait un an, à la mort de Jean-Sébastien Bach, et dix ans, à celle de Haendel, est né la même année que Cimarosa. Il avait vingt-cinq ans, à la mort de Jommelli, quarante-deux à celle de Mozart, soixante à celle de Haydn. Mais il en avait trente-sept à la naissance de Weber, quarante-huit à celle de Schubert, et cinquante-quatre à celle de Berlioz.