froid, compassé, grandiloquent. Comme il l’écrit, à son arrivée à Rome :
— « Je suis trop vieux pour tout, sauf pour le vrai. » (« Auch da hab’ich wieder gefühlt, dass ich für Ailes zu ait bin, nur für’s Wahre nicht... ») D’où, sa joie de Y opéra buffa ! Ce jaillissement tout franc, tout pur de la nature italienne. Il rêve de rapporter en Allemagne la verge de Moïse qui fasse pisser du rocher la source. Mozart l’a bien pu !... Oui, mais Mozart est unique. Et il va mourir. Ah ! pourquoi Gœthe a-t-il tardé ? Pourquoi n’a-t-il pas couru à lui ? Pourquoi, quinze ans, s’est-il empêtré de son Kayser, qu’il prétendait façonner à sa guise, et qui était, certes !
un bien brave homme, plein de dignité, de
hauteur morale, et même de religieux renoncement 1, bon musicien et instruit, mais de sang ralenti — une ombre qui fondait au soleil de Gœthe 1 2 !...
1. On no saurait trop souligner la suprématie que Gœthe, dont les esthètes de tous les temps se réclament, a toujours attribuée aux qualités morales, chez les artistes dont il acceptait ou recherchait l’amitié. Fût-ce même au détriment des qualités artistiques. Ce n’est pas un choix raisonné. C’est un instinct vital. 2. Kayser a fait paraître en 1777 un recueil de Lieder (Gesanga mit Begleitung des Klaviers) ; et Gœthe fit aussi publier, dans plusieurs recueils, des Lieder de son ami. Bode en a reproduit quelques spécimens dans son ouvrage sur Gœthe et la musique. Ces lieder ne manquent pas de délicatesse. Leur expression est simple et juste. — La partition de Scherx, List und Rache est conservée, au Gœthe National Muséum de Weimar. Ferdinand Hiller et Max Friedlaender en ont parié honorablement.