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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/219

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GŒTHE MUSICIEN

concentra en lui, sur la scène de sa pensée. Il se créa son Théâtre en liberté, son Opéra invisible, son grand Drame Lyrique. — Et ce fut le Second Faust.

Nul doute, à ce sujet. Nous ne hasardons pas une hypothèse. Il l’a dit. C’était en ce fleuve qu’il déversait toutes les nappes de poésie et de musique accumulées en son sous-sol, pendant toute une vie. Il voulait que la représentation fît appel à toutes les ressources de la musique instrumentale, du chant, des chœurs, et de la mise en scène d’opéra. Il déclare nettement à Eckermann 1 :

— « La première partie de Faust réclame les premiers artistes de la tragédie. Ensuite, dans la partie de Vopéra (« im Teile der Oper »), les rôles doivent être tenus par les premiers chanteurs et cantatrices. Le rôle d’Hélène ne pourra être joué par une seule, mais par deux grandes artistes : car il est exceptionnel qu une chanteuse soit en même temps une artiste tragique de premier rang. » Mais où trouver le compositeur qui unisse, selon le vœu spécifié par Gœthe, « la nature allemande au style italien » (« velcher seine deutsche Natur mit der italienischen Art und Weise verbànde ») ? Le second Mozart ?... Gœthe ne semble pas pressé de le trouver. On dirait qu’il ne souhaite plus — 1. 29 janvier 1827.

Eckermann avait paru trouver étrange que la pièce « commençât en tragédie et finit en opéra n. Gœthe répond : Oui, c’est ainsi. Telle a été ma volonté.