Ensuite, Goethe vit le danger. Quand la jeune exaltée eut écrit son ivresse nostalgique à
Madame Aja, qui s’empressa de jeter de l’huile de ses enfants ? Les fils risquent un affront, qui les mènera au duel Les filles en peuvent être dépravées, ou mépriser leur mère... » Et le Baint homme impose à sa sœur la pénitence d’arracher du volume et de détruire la feuille impudique... (« Par de pareils objets tes âmes sont blessées... ») ; il la prie de lui faire dorénavant adresser toutes les épreuves à reviser, avant l’impression définitive. Bettine répond, de maîtresse façon, avec une hauteur dédaigneuse, qui n’exclut pas l’affection. Elle n’a rien à cacher : qu’y a-t-il à cacher ? Elle a agi en toute innocence : cette heure a été toute la joie de sa vie : tout ce qu’elle a été et accompli depuis, elle le doit à ce moment d’extase, ce « ersten erquickenden paradiesischen Schlaf »... Quel droit ont les autres de prétendre à la diriger ? Ils l’ont laissée seule, dans toutes les dures épreuves de sa vie, elle n’a été à charge à personne, et personne ne s’est soucié d’elle. Qui leur permet de s’arroger maintenant ce rôle de morigéneurs ?
Pour ses enfants, elle est tranquille. S’ils devaient trouver
quelque chose de mal dans une affaire aussi simple et aussi innocente, ils ne seraient pas ses enfants, elle les renierait. Grâce à Dieu, elle compte bien les préserver d’une pareille bigoterie et hypocrisie ! Et elle traite son frère de vieille perruque (de vieux bonnet do nuit, « eine alte Schlafmütze *).
Clemens, vexé, réplique en « style de Chanaan ». Il plaint hypocritement sa « pauvre » sœur. Il a le talent de glisser les allusions les plus blessantes sous le patelinage. Après l’avoir comparée à Phryné nue, il rappelle cruellement Arnim, « le noble père oublié », et le chagrin que doivent éprouver les enfants. Puis, des méchancetés contre Getthe, que l’Allemagne rejette maintenant : (on ne vend plus ges œuvres ; au fond, « l’engeuement pour lui n’a jamais été vrai... »). Et de nouveau, s le pauvre, bon Armin »... et c la pauvre, stupide Bettine sans Dieu... »
Mais Bettine relève fièrement l’allusion à sa trop réelle * pauvreté », et aussi cette « pitié », que lui offre le dévot, avec ses fleurs empoisonnées. Et l’on voit sa hautaine solitude avec son GœtLe,