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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/265

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BETTINE

la cour[1]. Elle vivait de plus en plus retirée et rêvant, toute petite et menue dans sa robe monacale de bure noire, ne sortant guère de sa chambre que le soir, pour entendre dans la salle Pompéienne de sa maison la musique de quatuor, où Joachim tenait le premier violon. Les ombres de sa jeunesse, Beethoven et Goethe, étaient sa lumière du soir. Elle leur fut fidèle, — non pas en restant attachée à leurs tombeaux, mais en gardant leur inextinguible flamme. Elle avait deux ardentes disciples en deux de ses filles, Armgart et Gisela, artistes comme la mère, peintres (surtout Gisela, qui épousa Hermann Grimm), musiciennes (surtout Armgart, admirée de Joachim), auteurs dramatiques (Gisela), — toutes trois toujours prêtes à courir au secours des opprimés et à recevoir dans leurs bras les grands rebelles. — Les filles et la mère étaient marquées au front du sang de Berlichingen et d’Egmont.

1. La seule rencontre personnelle qu’elle semble avoir eue avee le roi Friedrich Wilhelm IV fut, en avril 1845, une longue audience au palais Monbijou, au sujet de ses protégés.

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