Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
259
ANNEXES

que mécanisme 1 ; et dès lors, on a beau attendre et croire et espérer : il n en sortira rien. On ne pourrait atteindre (à ces hauts buts) que par des chemins qui maintenant sont ensablés : — par la prière et la concentration du cœur, par Vamour attaché éternellement à son Dieu. — Mais ici, nous arrivons aux montagnes inaccessibles. Et cependant, là-haut seulement, on apprend à connaître la volupté de respirer... 2 »

1. « Uhrwerk ». — C’est le mot, dont Bettine (dans sa fameuse lettre de juillet 1810, où elle parlait pour la première fois de Beethoven à Goethe), caractérisait tout le reste de l’effort humain, opposé au seul Beethoven, seul libre créateur : « L’effort humain tout entier se déroule autour de Beethoven, comme le mécanisme d’une horloge (Uhrwerk). Lui seul enfante librement... » 2. Résumons ce monologue ! Il est tout fempli de la pensée de Beethoven et de la révolte contre les esprits d’école qui le méconnaissent.

Bettine plaide la cause de l’irrationnel en art, et surtout en musique. Elle oppose le génie qui exprime librement les forces intérieures aux scholards qui se servent de formules empruntées et aux froids raisonneurs. La musique doit, pour vivre, s’affranchir du mécanisme de l’esprit, retrouver la libre volonté, le jaillissement profond de la vie. Le seul chemin pour y atteindre est la prière, la concentration, l’extase. — Bettine en a eu la révélation directe par Beethoven. Que l’on compare ces pensées à celles que lui a inspirées sa visite à Beethoven, au printemps précédent, dans les lettres que j’ai citées au début de mon premier Essai ! C’est la moisson de Beethoven. C’est lui qui l’a semée. 17.