en mai-juin 1818. Et c’est à l’intérieur même de cette esquisse que Beethoven a écrit son vœu touchant « d’une petite maison, si petite quon ait à peine la place de s’y tenir », et de quelques jours passés, « seulement quelques jours, dans ce divin Briel !… ». — On peut donc être sûr que tout ce morceau est le reflet de ces jours heureux, de ces premiers jours « dans le divin Briel », et des émotions profondes et incertaines qui l’assaillaient alors : « … Sehnsucht oder Verlangen — Befreiung oder Erfüllung ».
Ce nous doit être une indication pour lire le vrai visage du Scherzo. Et d’abord, écartons radicalement toutes les imageries romantiques, comme ces « cyprès sur les tombes », et ces « danses de Kobolds dans un cimetière », dont use un grand artiste du piano[1], pour illustrer ce qu’il joue, d’ailleurs excellemment. Rien n’est plus loin de l’esprit de Beethoven. Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il décrit, c’est lui, toujours lui ; et si la nature y trouve place, c’est la nature toujours à travers lui. Au reste, n’est-ce pas le fait de tout grand poète ?
L’esprit dégagé de toute vision parasitaire, à la Berlioz qui projette dans sa musique des images à la Delacroix, poursuivons simplement dans la musique de Beethoven le mouvement intérieur !
Nous remarquons, dans le Scherzo :
1o La tonalité générale du morceau en si bémol majeur, et l’assai vivace voilé, maintenu dans les p. et pp. — sauf
- ↑ Alfred Cortot.