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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/564

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546
BEETHOVEN

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Et sur ce fa répété s’établit une vaste progression, un crescendo calme et puissant, où la voix monte, de mesure en mesure, au fa dièze, au sol, au la, imposant sur le point d’orgue en sol (mesures 27-29) la souveraineté de l’idée, — et, au moment de conclure, ainsi qu’à la fin de la Variation IV, s’évadant dans le long trille du rêve. Mais au lieu que, dans la Variation IV, ce trille demeure sur la note instable de ré, où il attire les troubles, — ici, dès le début, il bondit du ré au sol, la note de la victoire, et il s’y installe dans sa conquête. Il garde le sol, dès lors jusqu’à la fin, pendant douze mesures, volant et se posant d’une octave à l’autre, et remplissant l’espace de son gazouillis, tandis qu’au-dessous de lui tourne la ronde calme et heureuse des triolets (par groupes de trois), qui rappelle la guirlande de danses à la fin de la sonate « Aurore ». Dans cette poussière de soleil, qui vibre et tournoie, l’enveloppant d’une auréole, le beau thème de YArietta reparaît, une dernière fois, dans l’intégralité de sa première section. L’autre section est tombée : il ne subsiste du thème que la lumière. Cette lumière se prolonge encore quelques mesures, sur la note hypnotisante, le sol. Le thème s’y est fondu. Les pp. des arabesques en triples croches le recouvrent de leur brume légère. Le rideau s’entr’ouvre. La grande parole du début, le visage de l’Annonciatrice :