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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/578

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BEETHOVEN

Mais je tiens à la défendre contre l’injuste discrédit, dont elle a été l’objet.

Ce n était pas assez que l éditeur Peters de Leipzig eût renvoyé, le 19 mars 1823, le manuscrit à Beethoven, en le refusant comme « indigne » (unwerth) du prix demandé (10 ducats), et en y ajoutant cette gratuite impertinence que « Beethoven devrait tenir au-dessous de sa dignité de perdre son temps à de telles choses insignifiantes, comme chacun en pourrait faire ! 1 ».

Et le famulus Schindler, d’applaudir ! (en se cachant, j’imagine, car Beethoven fulmina...) Mais, dit Schindler, « la leçon fut bonne et vint à propos : car le grand maître se complaisait dans de telles détentes d’esprit, et il avait écrit encore beaucoup de Bagatelles analogues. Dormitat aliquando Homerus... »

Pour cet homme sérieux, ne comptaient sans doute que les œuvres convenablement développées, selon les règles et les us ! Nous avons vu que même la Sonate op. 111 le scandalisait, pour son refus inadmissible de se plier à l’obligation d’un troisième morceau, ainsi que font toutes les Sonates bien élevées !

Nous devons donc à sa sottise et à l’insolent camouflet de l’éditeur Peters, que Beethoven ait ravalé beaucoup d’autres « Bagatelles » du même prix, s’il est vrai, comme telles faciles et agréables pour le Pianoforte par Louis van Beethoven. Œuvre 112... »

1. « ... Beethoven solle es untcr seiner Würde halten, die Zeit mit solchen Kleinigkeiten -=— vie sie jeder kônne zu verbringen... »