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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/172

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BEETHOVEN

Carl Czerny, Schlesinger, et le neveu de Beethoven. Beethoven dirigeait. Il avait enlevé son habit, parce qu’il faisait chaud et que le local était rempli. Il entendait les sons aigus, et surtout il voyait sur les archets les moindres défaillances. Il ne fut pas content d’un passage staccato, arracha le violon des mains de Holz, et joua le passage. Schuppanzigh se surpassa. « Des passages comme le récitatif, écrit Holz, personne ne peut les jouer comme lui. Il a ce qu’aucun autre ne peut apprendre ; et lui-même ne l’a pas appris : (c’est un don) ».

Deux jours plus tard, le dimanche 11, Schlesinger offrit, à la même auberge, un banquet de midi, où se trouvait une société choisie : de nouveau Smart, l’abbé Stadler, Czerny, le flûtiste Sedlaczek, la fille du banquier Eskeles, élève de Moscheles, la pianiste Antonie Cibbini, fille du compositeur tchèque Kozeluch, le poète Ignaz Franz Castelli, Wolfmayer, et le quatuor Schuppanzigh, qui exécuta, avant le repas, le trio op. 70, et après, le quatuor en la mineur. Beethoven était assis près du clavier et marquait la mesure. Le dîner fut très gai. Smart but à Beethoven, au nom des musiciens anglais : on porta de nombreuses santés. Après le repas, on pressa Beethoven d’improviser.

— « Sur quel thème ? » demanda-t-il, tandis que ses doigts sur le clavier répétaient machinalement cette phrase :

[partition à transcrire]

— « Sur celle-ci », dit Smart. Et il Je fit, plus de vingt minutes, dans une improvisation extraordinaire, fortissimo,