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BEETHOVEN

La belle phrase qui suit, au violoncelle (répétée par les violons), avec ses inflexions tendres et résignées, est comme une oraison qui s’en remet aux mains de Dieu, et qui attend (sur un point d’orgue). Ce qui répond, c’est l’irruption inopinée d’un flot impétueux, au premier violon, tandis que le deuxième, comme une fanfare d’oiseau, lance un motif de joie vaillante, qui jouera un rôle dans tout le morceau :

[partition à transcrire]

(remarquer la place inattendue du p. sur la note qui devrait être de victoire).

Dans toutes les esquisses (Cahier italien), cette intervention brusque d’un mouvement entraînant, au cœur de la méditation, est indiquée, elle fait partie de la pensée première du morceau. Mais elle y est toujours maintenue dans le même rythme à 3 que la méditation ; au lieu que, dans le texte définitif, pour mieux accentuer la différence, elle a été mise en 4 temps. On voit aussi le motif de fanfare s’essayer, en hésitant. Son sens ne s’est dessiné qu’au cours du travail. D’une façon générale, on a l’impression que l’humeur optimiste s’affermit dans sa marche, à mesure qu’elle s’exprime. Cependant, l’esprit héroïque, qui est une des caractéristiques de Beethoven, est moins sensible ici — et dans tout ce quatuor — que dans le précédent (op. 132). Il ne se manifeste que par courts instants, qui coincident, comme il est naturel, avec des péroraisons ou des fins de périodes : (mes. 43 à 53. avant le deuxième thème ; mes. 85 à 90, avant la fin de la première partie ; mes. 203 à 208, avant la Coda).