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LES DERNIERS QUATUORS

fection de facture, qui s’amuse dans le développement en variations, à des malices d’écriture, et, vers la fin, à des échos interrompus, qui jouent à se tromper.


Il est surprenant de passer de là, sans transition, dans l’Adagio le plus religieux et le plus poignant. On a peine à croire qu’il ait été prévu dans le plan tracé à l’avance. Ce que l’on sait des conditions où il a été écrit donne à penser qu’il a assailli Beethoven, dans une tourmente. Il aurait confié à Cari Holz (son famulus, en l’absence de Schindler, et son deuxième violon du quatuor), « qu’il avait composé cette Cavatine, véritablement dans les pleurs de la mélancolie (unter Thränen der Wehmuth), pendant l’été 1825, et que jamais sa propre musique n avait fait sur lui une telle impression ; même, quand il revivait ce morceau, ce lui coûtait toujours des larmes… »

On en pourrait conclure qu’il a écrit cette page, d’un jet, dans un moment d’inspiration ou de détresse passionnée. Or, il n’en est rien. Jamais poème musical ne lui a coûté plus d’efforts. Le nombre d’ébauches conservées (dans le Cahier italien) est considérable et s’étend sur une longue période (dès avant la composition de l’andante con moto, jusqu’après la terminaison). A quel moment donc de la composition a-t-il été assailli par la Wehmut ? Et où celle-ci a-t-elle marqué 03 son sceau ?

En étudiant le texte définitif, on sent la place émotionnelle qu’y tient la phrase nostalgique :

[partition à transcrire]