rien de ce qu’il a imaginé d’abord ne résiste à l’épreuve de la réalisation ; il lui faut, phrase par phrase, le forger.
Enfin, la forge est prête, le fer aussi, prêt à être battu. — Mais ce n’est pas pour Peters qu’il prendra en main le marteau. Les relations, bien commencées, ne tardent pas à se refroidir ; et Beethoven reconnaîtra avec amertume qu’il s’est mépris du tout au tout, sur le compte de l’éditeur. Peters, définitivement, le 12 juillet, s’est désisté de l’offre du quatuor à cordes, qu’il trouve trop cher, — et d’autant plus, ajoute-t-il, (ce devait être bien agréable à Beethoven !) qu’il avait encore à publier pour cette année quatre nouveaux quatuors de Spohr, un de Romberg, un de Rode, « qui tous étaient excellents ». Là-dessus, il lui rappelle, une fois de plus, qu’au reste, ce n’était pas un quatuor à cordes qu’il voulaitj mais un quartett avec piano ; et il ne résiste pas au désir de lui donner une leçon. Si Beethoven lui en composait un, dit-il, il le prendrait, « mais à condition qu’il ne fût pas trop difficile ; il faut qu’il soit à la portée des braves dilettantes. Par des œuvres trop difficiles, les bons maîtres ouvrent la porte aux compositeurs superficiels : car les amateurs sont effrayés par la difficulté et vont au mauvais qui est facile. Mais si les artistes de valeur se donnaient la peine d’écrire pas trop difficile, mais bien plaisant (recht gefällig), le bon goût y gagnerait. »
On imagine les apostrophes de Beethoven, grinçant des dents, à la lecture de cette semonce. Il ne fit pourtant point un esclandre, — comme ce dut être son premier mouvement ; il lui fallait compter avec l’argent et avec ceux qui en disposaient, même parcimonieusement. Il s’en excusait, non sans honte, dans la lettre à Peters, du 5 juin 1822 : — « … Mon opinion est quon ne doit pas ravaler l’artiste : car, hélas ! si brillante que soit l’auréole de la gloire, il ne lui est pas octroyé