Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
264
BEETHOVEN

[partition à transcrire]

L’élan guerrier, qui, sous la plainte, a prolongé son rythme de cavalcade pendant une douzaine de mesures, et ne s’interrompt qu’un instant, répond à l’intrusion de la Frau Sorge (du Souci), par une énergique riposte qui retourne le dessin de plainte, en une contre-attaque cresc., ramenant l’allegro de bataille.

À la 52e mesure, une vigoureuse entrée en canon, où les quatre instruments affirment l’énergie du combattant, amène un épisode inattendu, de la plus grande beauté[1]. Le premier violon élève un chant de prière, simple, pur et confiant, comme un direct appel à Dieu, dont le ferme recueillement fait une « Île des Calmes », dans l’agitation des flots. Trois fois, elle oppose son ritard. au mouvement impétueux, comme au ff. son p. espress. — L’effet est saisissant.

Puis, le combat reprend (mes. 77). plus violent, dans la Durchführung en fa dièze mineur, qui suit, et dont la nature

  1. Exemple de la méconnaissance, où les préoccupations trop techniques font tomber les meilleurs musiciens : — Vincent d’Indy écrit de cet épisode : « Thème B. en relatif majeur suivant la tradition, mais très peu caractérisé : simple arpège en blanche !… » Ils passent sans s’en douter auprès des plus grandes beautés, qui sont, le plus souvent, chez Beethoven les plus simples, et faites de rien. L’accent, le rythme, une valeur de note augmentée ou diminuée, — et surtout la place juste où elle est insérée dans le cours du morceau, suffit à rehausser une mélodie « peu caractérisée » par son dessin, et à lui communiquer une caractéristique d’émotion inoubliable, comme c’est le cas ici.