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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/296

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BEETHOVEN

rait-il pas vendu des livres de Beethoven, et qui sait s’il n’a pas fait pis ? Beethoven a gardé le secret) — il résolut d’en finir.

Il était en pleine période d’examens de fin d’études ; et il avait peut-être passé les premières épreuves. Mais ce ne fut pour rien dans sa décision : de l’avis de ses maîtres, il était en état de réussir. Lui-même a dit à Holz « qu’il lui eût été facile de passer les examens, mais que, puisqu’il avait décidé de se tuer, il avait jugé inutile de se prêter à cette épreuve ; et, depuis la résolution prise, il n avait plus rien fait. »

Il était faible et agité. Il parla de son intention, devant son logeur Schlemmer. Celui-ci fouille, en son absence, dans son coffre, et y trouve deux pistolets chargés, qu’il confisque. Il prévient Beethoven, par l’entremise de Holz, que le jeune homme vient de sortir très agité, parlant de se tuer, au pius tard, le dimanche. On était au samedi[1]. — Beethoven et Holz se précipitent chez le logeur. Holz court à la recherche de Charles, et il parvient à le rattraper. Mais, sous un mauvais prétexte fourni par Charles, il le laisse filer. (Beethoven le lui reprochera violemment). Charles l’a assuré qu’il s’éloignait seulement pour un quart d’heure, afin de chercher un manuscrit chez un ami, et qu’il rentrerait ensuite dans son logis. Il ne revient pas. Beethoven, épouvanté, en voyant les pistolets que le logeur a mis sous clef, gémit : « Il va se noyer !… » La police, prévenue, se met à la chasse ; la nuit se passe en courses vaines… Quelles angoisses pour le vieux homme ! Il ne sait pas que déjà l’acte désespéré est accompli. Rien n’aurait pu l’empêcher. Charles avait dit à Holz :

  1. D’après les calculs judicieux de Thayer, c’était le 29 juillet.