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LES DERNIERS QUATUORS

[partition à transcrire]

D’où lui est venue la révélation ? Nous ne nous tromperions guère, en répondant : de cette communion avec la nature, dont il parlait à Stumpff, de ces longs entretiens avec « les amis qui ne changent point », les arbres de l’Helenentlial, et le ciel d’été qui luit entre les branches… Il a répondu par avance à Louis Schlösser (printemps 1823)[1] : — « Vous me demandez d’où je prends mes idées ? Je ne puis le dire avec certitude ; elles viennent sans avoir été appelées, d’une façon immédiate ou non, je pourrais les saisir avec les mains, dans la libre nature, dans la forêt, en promenades, dans le silence de la nuit, au bon matin, sous l’excitation de « Stimmungen » qui, chez le poète, s’expriment en mots, chez moi se convertissent en sons, tintent, bruissent, tempêtent, jusqu’à ce qu’enfin elles se tiennent en notes devant moi. »

Mais ce n’est encore que le premier stade—le stade passif— le subconscient — l’âme envahie par la vague de l’océan, qui laisse en se retirant ses dépouilles. Maintenant, entre en scène la volonté intelligente et tenace de l’athlétique forgeron : — « Je porte mes pensées avec moi longtemps, très long-

  1. Louis Schlösser, plus tard Hofkapellmeistcr à Darmstadt.