Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/175

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la porte close, à la maison. Quand il le sut, mon Florimond me reprocha amèrement d’avoir vendu à si bon compte, comme mienne, l’œuvre italienne, puisqu’ils avaient si fort goûté et payé celle qui ne l’était que de nom. Je répondis que je voulais me divertir des gens, oui bien, mais les plumer, pour cela non ! Il s’acharnait, me demandant avec aigreur la belle jambe que cela pouvait me faire de m’amuser à mes dépens ! Que sert de se moquer des gens, si l’on n’en a pour son argent ?

Lors, Martine, ma bonne fille, lui dit avec grande sagesse :

— Ainsi, nous sommes, Florimond, petits et grands, dans la famille, toujours contents, toujours contant et nous riant des contes que nous nous contons. Va, ne t’en plains pas, mon bon ! Car c’est à cela que tu dois de n’être pas dix-cors encore. De savoir que je puis te tromper, à tous moments, me cause tant d’amusement que je me passe de le faire… Mais ne prends pas un air si sombre ! Point de regrets ! Car c’est comme si tu l’étais. Rentre tes cornes, limaçon. J’en vois l’ombre.


VII