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Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/251

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Faut-il l’assommer ?

Je dis :

— Tu fus bien inspiré, Racquin, de m’avoir ruiné. Tu le sais bien, gredin, que je ne puis te faire pendre, sans risquer le soupçon que j’agis par vengeance, pour l’incendie de ma maison. Et pourtant le collier de chanvre siérait à ta beauté. Mais nous laissons à d’autres le soin de t’en parer. Tu ne perds rien pour attendre. L’important, c’est qu’on te tient. Tu n’es plus rien. Nous t’arrachons ta belle robe d’échevin. C’est nous qui prenons en main le gouvernail et l’aviron.

Il bégaya :

— Tu sais, Breugnon, ce que tu risques ?

Je lui réponds :

— Je le sais, mon garçon, ma tête. Et je la mets au jeu, — au jeu de qui perd gagne. Si je la perds, la cité gagne.

On le conduisit en prison. Il y trouva la place chaude, que lui laissa un vieux sergent, enfermé trois jours avant, pour avoir refusé d’obéir à son commandement. Les huissiers et le portier de la maison de ville, à présent que le coup était fait, disaient tous qu’il était bien fait, et qu’ils avaient toujours pensé que le Racquin était un traître. À beau penser qui n’agit point !

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* *

Jusque-là, notre plan s’était exécuté comme une