Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/254

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Il y a temps pour tout, Perruche, je réponds. Nous trinquerons demain.

— Tu vieillis, mon Colas. Il n’y a pas d’heure pour la soif. Demain, le vin sera bu. Ils le tirent. Hâtons-nous ! Est-ce que par hasard la purée de septembre te dégoûte, à présent ?

Je dis :

— Le vin volé, oui.

— Volé, il ne l’est point, dit-il, mais bien sauvé. Lorsque la maison brûle, faut-il donc bêtement laisser perdre les bonnes choses ?

Je l’écartai de mon chemin :

— Voleur !

Et je passai.

— Voleur !

lui répétèrent Gangnot, Bardet, Saulsoy, les autres. Ils passèrent. Le Perruche demeurait atterré ; puis, je l’entendis furieux vociférer ; et en me retournant, je le vis qui courait, en nous montrant le poing. Nul de nous ne parut l’entendre ni le voir. Quand il nous eut rejoints, il se tut brusquement, et avec nous marcha.

Arrivés sur la berge de l’Yonne, à l’entrée du pont, impossible de passer. La foule était serrée. Je fis battre le tambour. Les premiers rangs s’ouvrirent, sans trop savoir pourquoi. Nous entrâmes comme un coin, mais nous nous trouvions pris. Je vis là deux flotteurs que je connaissais bien, le père Joachim, dit le Roi[12] de Calabre, et Gadin dit Gueurlu. Ils me dirent :

— Çà, çà,