Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/44

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et d’y croire. Mais je n’ai garde, ohé ! j’en crois tout juste ce qu’il faut pour m’amuser. C’est ainsi que j’écoute les histoires de fées… Pas seulement de fées ! Il est un gros monsieur, là-haut, dans l’Empyrée… Nous le respectons fort ; quand il passe en nos rues, la croix en tête et la bannière, avec ses Oremus, nous habillons de nos draps blancs les murs de nos maisons. Mais entre nous… Bavard, mange ta langue ! Cela sent le fagot… Seigneur, je n’ai rien dit ! Je vous tire mon chapeau…

Fin février.

L’âne, ayant tondu le pré, a dit qu’il n’était plus besoin de le garder, et est allé manger (garder, veux-je dire) quelque autre pré voisin. La garnison de M. de Nevers est partie, ce matin. Faisaient plaisir à voir, gras comme lard à pois. J’étais fier de notre cuisine. Nous nous sommes quittés, cœur en bouche, bouche en cœur. Ils ont fait mille vœux gracieux et courtois pour que nos blés soient beaux, que nos vignes ne gèlent pas.

— Travaille bien, mon oncle, m’a dit Fiacre Bolacre, mon hôte le sergent. (C’est le nom qu’il me donne et que j’ai bien gagné : Celui est bien mon oncle qui le ventre me comble.) Ne ménage point ta peine et va tailler ta vigne. À la Saint-Martin, nous reviendrons la boire.

Bons enfants, toujours prêts à venir au secours