Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 1.djvu/116

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Un jour, en furetant dans un placard, il mit la main sur divers objets qu’il ne connaissait pas : une robe d’enfant, une toque rayée. Il les apporta triomphalement à sa mère, qui, au lieu de lui sourire, prit une mine fâchée, et lui ordonna de les reporter où il les avait pris. Comme il tardait à obéir, en demandant pourquoi, elle les lui arracha des mains, sans répondre, et les serra sur un rayon où il ne pouvait atteindre. Très intrigué, il la pressa de questions. Elle finit par dire que c’était à un petit frère qui était mort, avant que lui-même vînt au monde. Il en fut atterré : jamais il n’avait entendu parler de lui. Il resta un moment silencieux, puis il tâcha d’en savoir plus. Sa mère semblait distraite ; elle lui dit cependant qu’il se nommait Christophe comme lui, mais qu’il était plus sage. Il lui fit d’autres questions ; mais elle n’aimait pas à répondre. Elle dit seulement qu’il était au ciel, et qu’il priait pour eux tous. Christophe n’en put rien tirer

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