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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 1.djvu/174

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Jean-Christophe

Une semaine plus tard, quand il avait tout oublié, grand-père lui dit d’un air mystérieux qu’il avait quelque chose à lui montrer. Il ouvrit son secrétaire, en tira un cahier de musique, le mit sur le pupitre du piano, et dit à l’enfant de jouer. Christophe, très intrigué, déchiffra tant bien que mal. Le cahier était écrit à la main, de la grosse écriture du vieux, qui s’était spécialement appliqué pour l’occasion. Les en-tête étaient ornés de boucles et de paraphes. — Après un moment, grand-père, qui était assis à côté de Christophe et lui tournait les pages, lui demanda quelle était cette musique. Christophe, trop absorbé par son jeu pour distinguer ce qu’il jouait, répondit qu’il n’en savait rien.

— Fais attention. Tu ne connais pas cela ?

Oui, il croyait bien le connaître ; mais il ne savait pas où il l’avait entendu. — Grand-père riait :

— Cherche.

Christophe secouait la tête :

— Je ne sais pas.

À vrai dire, des lueurs lui traversaient l’esprit ; il lui semblait que ces airs… Mais non ! il n’osait pas… Il ne voulait pas reconnaître :

— Grand-père, je ne sais pas.

Il rougissait.

— Allons, petit sot, tu ne vois pas que ce sont tes airs ?

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