Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA
NOUVELLE JOURNÉE



La vie passe. Le corps et l’âme s’écoulent comme un flot. Les ans s’inscrivent sur la chair de l’arbre qui vieillit. Le monde entier des formes s’use et se renouvelle. Toi seule ne passes pas, immortelle musique. Tu es la mer intérieure. Tu es l’âme profonde. Dans tes claires prunelles, le visage morose de la vie ne se mire. Au loin de toi s’enfuient, comme le troupeau des nuées, le cortège des jours, brûlants, glacés, fiévreux, que l’inquiétude chasse et qui jamais ne durent. Toi seule ne passes pas. Tu es en dehors du monde. Tu es un monde, à toi seule. Tu as ton soleil, tes lois, ton flux et ton reflux. Tu

— 1 —