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LA NOUVELLE JOURNÉE

avait découvert le sentiment qui unissait sa mère et Christophe ; il lui semblait qu’elle était du secret, quoiqu’ils ne l’y eussent jamais associée. Elle connaissait le sens du message, dont elle avait été chargée par Grazia mourante, et de l’anneau qui était maintenant à la main de Christophe. Ainsi, existaient entre elle et lui des liens cachés, qu’elle n’avait pas besoin de comprendre clairement, pour les sentir dans leur complexité. Elle était sincèrement attachée à son vieil ami, bien qu’elle n’eût jamais pu faire l’effort de jouer ou de lire ses œuvres. Assez bonne musicienne pourtant, elle n’avait même pas la curiosité de couper les pages d’une partition, qui lui avait été dédiée. Elle aimait à venir causer familièrement avec lui. — Elle vint plus souvent, quand elle sut qu’elle pouvait rencontrer chez lui Georges Jeannin.

Et Georges, de son côté, n’avait jamais trouvé jusqu’alors tant d’intérêt à la société de Christophe.

Cependant, les deux jeunes gens furent lents à se douter de leurs vrais sentiments. Ils s’étaient vus d’abord, d’un regard moqueur. Ils ne se ressemblaient guère. L’un était vif-argent, et l’autre eau qui dort. Mais il ne se passa pas beaucoup de temps avant