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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/65

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Elle lisait en lui ; et avec son aimable franchise, elle lui dit, un jour :

— Vous m’en voulez d’être comme je suis ? Il ne faut pas m’idéaliser, mon ami. Je suis une femme, je ne vaux pas mieux qu’une autre. Je ne cherche pas le monde ; mais j’avoue qu’il m’est agréable, de même que j’ai plaisir à aller quelquefois à des théâtres pas très bons, à lire des livres un peu insignifiants, que vous dédaignez, mais qui me reposent et qui m’amusent. Je ne puis me refuser à rien.

— Comment pouvez-vous supporter ces imbéciles ?

— La vie m’a enseigné à n’être pas difficile. On ne doit pas trop lui demander. C’est déjà beaucoup, je vous assure, quand on a affaire à de braves gens, pas méchants, assez bons… (naturellement, à condition de ne rien attendre d’eux ; je sais bien que si j’en avais besoin, je ne trouverais plus grand monde…) Pourtant, ils me sont attachés ; et quand je

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