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Au cours du mois d’avril, il reçut de Paris la proposition de venir diriger une série de concerts. Sans l’examiner davantage, il allait refuser ; mais il crut devoir en parler d’abord à Grazia. Il éprouvait une douceur à la consulter sur sa vie ; il se donnait ainsi l’illusion qu’elle la partageait.

Elle lui causa, cette fois, une grande déception. Elle se fit expliquer bien posément l’affaire ; puis, elle lui conseilla d’accepter. Il en fut attristé ; il y vit la preuve de son indifférence.

Grazia n’était peut-être pas sans regrets de donner ce conseil. Mais, pourquoi Christophe le lui demandait-il ? Plus il s’en remettait à elle de décider pour lui, plus elle se jugeait responsable des actes de son ami. Par suite de l’échange qui s’était fait entre leurs pensées, elle avait pris à Christophe un peu de sa volonté ; il lui avait révélé le devoir et la beauté d’agir. Du moins, elle avait reconnu ce devoir pour son ami ; et elle

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