Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/131

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Quatre ou cinq mois avant ces événements, madame Josepha von Kerich, veuve depuis peu du conseiller d’État, Stephan von Kerich, avait quitté Berlin, où les fonctions de son mari les retenaient jusqu’alors, pour venir s’installer avec sa fillette dans la petite ville rhénane, son pays d’origine. Elle avait là une vieille maison de famille, avec un grand jardin, presque un parc, qui descendait le long de la colline, jusqu’au fleuve, non loin de la maison de Christophe. De sa mansarde, Christophe voyait les branches lourdes des arbres qui pendaient hors des murs, et le haut faîte du toit rouge aux tuiles moussues. Une petite ruelle en pente, où l’on ne passait guère, longeait le parc, à droite ; on pouvait de là, en grimpant sur une borne, regarder par dessus le mur : Christophe ne s’en faisait pas faute. Il voyait alors les allées envahies par l’herbe, les pelouses semblables à des prairies sauvages, les arbres se mêlant et luttant en désordre, et la façade

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