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Jean-Christophe

propre cœur, pour y entendre l’écho du cœur de leur ami. Ils débordaient de confiance dans la vie, dans le bonheur, dans eux-mêmes. Leurs espoirs étaient sans limites. Ils aimaient, ils étaient aimés, heureux, sans une ombre, sans un doute, sans une crainte pour l’avenir. Sérénité unique de ces jours de printemps ! Pas un nuage au ciel. Une foi si fraîche, que rien ne semble pouvoir la faner jamais. Une joie si abondante, que rien ne pourra l’épuiser. Vivent-ils ? Rêvent-ils ? Ils rêvent sans doute. Il n’y a rien de commun entre la vie et leur rêve. Rien, sinon qu’à cette heure magique, eux-mêmes ne sont qu’un rêve : leur être s’est fondu au souffle de l’amour.