Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/156

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Christophe observait curieusement les Parisiennes, dans les salons où la présentation de Sylvain Kohn et son talent de virtuose l’avaient fait accueillir. Comme la plupart des étrangers, il généralisait à toutes les Françaises ses remarques sans indulgence d’après deux ou trois types qu’il avait rencontrés : de jeunes femmes, pas très grandes, sans beaucoup de fraîcheur, la taille souple, les cheveux teints, un grand chapeau sur leur aimable tête, un peu grosse pour le corps ; les traits nets, la chair un peu soufflée ; un petit nez assez bien fait, souvent vulgaire, sans caractère, toujours ; des yeux toujours en éveil, sans aucune vie profonde, qui tâchaient de se faire le plus brillants et le plus grands possible ; la bouche bien dessinée, bien maîtresse d’elle-même ; le menton gras ; tout le bas de la figure dénotant le caractère matériel de ces élégantes personnes, qui, si occupées qu’elles fussent d’intrigues amoureuses, ne perdaient jamais de vue le souci du monde, et de leur ménage. Jolies, mais point de race. Chez presque toutes ces mondaines, on sentait la bourgeoise pervertie, ou qui aurait

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