Aller au contenu

Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

26
JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

Ce remords lui pesait ; il fut sur le point d’écrire à Kohn combien il était peiné de l’avoir mal jugé autrefois, et qu’il lui demandait pardon du tort qu’il lui avait fait. Il avait les larmes aux yeux, en y pensant. Mais il lui était moins aisé d’écrire une lettre qu’une partition ; et après avoir pesté dix fois contre l’encre et la plume de l’hôtel, qui en effet étaient ignobles, après avoir barbouillé, raturé, déchiré quatre ou cinq feuilles de papier, il s’impatienta et envoya tout promener.

Le reste de la journée fut long à passer ; mais Christophe était si fatigué par sa mauvaise nuit et par les courses du matin qu’il finit par s’assoupir sur sa chaise. Il ne sortit de sa torpeur, vers le soir, que pour se coucher ; et il dormit douze heures de suite, sans s’arrêter.