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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/57

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Christophe fit de nouvelles démarches chez des marchands de musique ; elles ne servirent à rien. Il trouvait les Français peu accueillants ; et leur agitation désordonnée l’ahurissait. Il avait l’impression d’une société anarchique, dirigée par une bureaucratie rogue et despotique.

Un soir qu’il errait sur les boulevards, découragé de l’inutilité de ses efforts, il vit Sylvain Kohn, qui venait en sens inverse. Convaincu qu’ils étaient brouillés, il détourna les yeux, et tâcha de passer inaperçu. Mais Kohn l’appela :

— Et qu’étiez-vous devenu depuis ce fameux jour ? demanda-t-il en riant. Je voulais aller chez vous ; mais je n’ai plus votre adresse… Tudieu, mon cher, je ne vous connaissais pas. Vous avez été épique.

Christophe le regarda, surpris et un peu honteux :

— Vous ne m’en voulez pas ?

— Vous en vouloir ? Quelle idée !

Bien loin de lui en vouloir, il avait été réjoui de la façon dont Christophe avait étrillé Hecht : il avait passé là un bon moment. Il lui

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