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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

leur semblait qu’ici ils étaient encore avec leur mère. La concierge leur témoignait quelque intérêt ; mais bientôt, elle fut reprise par ses propres affaires, et personne ne s’occupa plus d’eux. Pas un locataire de la maison ne les connaissait ; et ils ne savaient même pas qui logeait à côté d’eux.

Antoinette obtint de remplacer sa mère, comme professeur de musique au couvent. Elle chercha d’autres leçons. Elle n’avait qu’une idée : élever son frère, jusqu’à ce qu’il entrât à l’École Normale. Elle avait décidé cela toute seule, après mûre réflexion : elle avait étudié les programmes, elle s’était informée, elle avait tâché d’avoir aussi l’avis d’Olivier ; — mais il n’en avait point, elle avait choisi pour lui. Une fois à l’École Normale, il serait sûr de son pain, pour le reste de sa vie, et maître de son avenir. Il fallait qu’il y arrivât, il fallait vivre à tout prix jusque-là. C’étaient cinq à six années terribles : on en viendrait à