Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/15

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La première pensée de Christophe, en s’éveillant le lendemain de la soirée chez les Roussin, fut pour Olivier Jeannin. Il fut pris aussitôt du désir irrésistible de le revoir. Il se leva et sortit. Il n’était pas huit heures. La matinée était tiède et un peu accablante. Un jour d’avril précoce : une buée d’orage se traînait sur Paris.

Olivier habitait au bas de la montagne Sainte-Geneviève, dans une petite rue, près du Jardin des Plantes. La maison était à l’endroit le plus étroit de la rue. L’escalier s’ouvrait au fond d’une cour obscure, et exhalait des odeurs malpropres et variées. Les marches, aux tournants raides, avaient une inclinaison vers le mur, sali d’inscriptions au crayon. Au troisième, une femme, aux cheveux gris défaits, avec une camisole qui bâillait, ouvrit la porte en entendant monter, et la referma brutalement quand elle vit Christophe. Il y avait plusieurs logements par palier ; et, à travers les portes mal jointes, on entendait des enfants se bousculer et piailler. C’était un grouillement de vies sales et médiocres, entassées les unes par-dessus les autres, dans des étages

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