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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/159

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Olivier connaissait les Stevens, que Christophe fréquentait naguère ; et il avait aussi subi l’attraction de Colette. Si Christophe ne l’avait pas rencontré dans la petite cour de son ancienne amie, c’était qu’à ce moment, Olivier, accablé par la mort de sa sœur, s’enfermait dans son deuil et ne voyait plus personne. Colette, de son côté, n’avait fait aucun effort pour le voir : elle aimait bien Olivier, mais elle n’aimait pas les gens malheureux ; elle se disait si sensible que le spectacle de la tristesse lui était intolérable : elle attendait que celle d’Olivier fût passée, pour se souvenir de lui. Lorsqu’elle apprit qu’il paraissait guéri et qu’il n’y avait plus de danger de contagion, elle se risqua à lui faire signe. Olivier ne se fit pas prier. Il était à la fois sauvage et mondain, facilement séduit ; et il avait un faible pour Colette. Quand il annonça à Christophe son intention de retourner chez elle, Christophe, trop respectueux de la liberté de son ami pour exprimer le moindre blâme, se contenta de hausser les épaules, et dit, d’un air railleur :

— Va, petit, si cela t’amuse.

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