Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/282

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Le soir du même jour, Olivier arriva. Il n’avait pu supporter la pensée de laisser Christophe seul, à ces heures tragiques, dont il n’avait que trop l’expérience. Il redoutait aussi les dangers auxquels son ami s’exposait, en retournant en Allemagne. Il voulait être là, afin de veiller sur lui. Mais l’argent lui manquait, pour le rejoindre. Au retour de la gare, où il avait accompagné Christophe, il décida de vendre quelques bijoux qui lui restaient de sa famille ; et comme le mont-de-piété était fermé, à cette heure, et qu’il voulait partir par le premier train, il allait trouver un brocanteur du quartier, lorsque dans l’escalier il rencontra Mooch. Mis au courant de ses intentions, Mooch manifesta un chagrin sincère qu’Olivier ne se fût pas adressé à lui ; il s’opposa à ce qu’Olivier allât chez le marchand, et il le força à accepter de lui la somme nécessaire. Il ne se consolait pas de penser qu’Olivier avait mis sa montre en gage et vendu ses livres, pour payer le voyage de Christophe, quand il eût été si heureux de leur rendre service. Dans son zèle à leur venir en aide, il proposa même à Olivier de l’ac-

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