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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/55

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DANS LA MAISON

« Libre !… Libre !… Sanctus, Sanctus… »

Ils ne s’endormaient pourtant pas en un rêve de sérénité égoïste. Dans le chœur des poètes, les voix tragiques ne manquaient point : voix d’orgueil, voix d’amour, voix d’angoisses.

C’était l’ouragan ivre,

Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
les forces tumultueuses, les épopées hallucinées de ceux qui chantent la fièvre des foules, les luttes entre les dieux humains, les travailleurs haletants,

Visages d’encre et d’or trouant l’ombre et la brume,
Dos musculeux tendus ou ramassés, soudain,
Autour de grands brasiers et d’énormes enclumes…

forgeant la Cité future.

C’était, dans la lumière éclatante et obscure qui tombe sur les glaciers de l’intelligence, l’héroïque amertume des âmes solitaires, qui se rongent elles-mêmes, avec une allégresse désespérée.


Bien des traits de ces idéalistes semblaient à un Allemand plus allemands que français. Mais tous avaient l’amour du « fin parler de France », et la sève des mythes de la Grèce coulait en leurs poèmes. Les paysages de France et la vie quotidienne, par une magie secrète, se muaient dans leurs prunelles en des visions de l’Attique. On