Il tâcha de réorganiser sa vie en se passant d’Olivier. Mais il avait beau faire et se persuader que la séparation ne serait que momentanée : malgré son optimisme, il eut de tristes heures. Il avait perdu l’habitude d’être seul. Certes, il l’avait été, pendant le séjour d’Olivier en province ; mais alors, il pouvait se faire illusion ; il se disait que l’ami était loin, mais qu’il reviendrait. Maintenant, l’ami était revenu, et il était plus loin que jamais. Cette affection, qui avait rempli sa vie pendant plusieurs années, lui manquait tout d’un coup : c’était comme s’il avait perdu le meilleur de ses raisons d’agir. Depuis qu’il aimait Olivier, il avait pris l’habitude de penser avec lui et de l’associer à tout ce qu’il faisait. Le travail ne pouvait suffire à combler le vide : car Christophe s’était accoutumé à mêler au travail l’image de l’ami. Et maintenant que l’ami se désintéressait de lui, Christophe était comme quelqu’un qui a perdu son équilibre : il cherchait une autre affection pour le rétablir.