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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/146

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LA FIN DU VOYAGE

tement greffées, à l’exemple du lyrisme d’autres races, produisait sur tout être sincère un effet mensonger. Christophe ne faisait pas plus de cas de ces drames poétiques que des opéras italiens à grands airs hurlants et doucereux, avec des vocalises empanachées. Les acteurs l’intéressaient beaucoup plus que les pièces. Aussi bien, les auteurs s’appliquaient-ils à les imiter. « On ne pouvait se flatter qu’une pièce serait jouée avec quelque succès, si l’on n’avait eu l’attention de modeler ses caractères sur les vices des comédiens. » La situation n’avait guère changé depuis le temps où Diderot écrivait ces lignes. Les mimes étaient devenus les modèles de l’art. Aussitôt que l’un d’eux arrivait au succès, il avait son théâtre, ses auteurs tailleurs complaisants, et ses pièces faites sur mesure.

Parmi ces grands mannequins des modes littéraires, Françoise Oudon attirait Christophe. On s’en était entiché, à Paris, depuis un an ou deux à peine. Elle aussi, naturellement, avait son théâtre et ses fournisseurs de rôles ; toutefois, elle ne jouait point que les œuvres fabriquées pour elle ; son répertoire assez mêlé allait d’Ibsen à Sardou, de Gabriele d’Annunzio à Dumas fils, de Bernard Shaw