Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/171

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À la suite de cette nuit, elle disparut, pour des semaines. Lui, en qui cette nuit avait rallumé une ardeur sensuelle, qui depuis des mois dormait, il ne put se passer d’elle. Elle lui avait fait défense de venir chez elle ; il alla la voir au théâtre. Il était aux dernières places, caché ; et il était brûlé d’amour et d’émotion ; il frissonnait jusqu’aux moelles ; la fièvre tragique qu’elle mettait à ses rôles le consumait avec elle. Il finit par lui écrire :


— « Mon amie, vous m’en voulez donc ? Pardonnez-moi, si je vous ai déplu. »


Au reçu de cet humble mot, elle accourut chez lui, elle se jeta dans ses bras.

— C’eût été mieux de rester de bons amis, simplement. Mais puisque c’était impossible, inutile de résister à l’inévitable. Advienne que pourra !

Ils mêlèrent leur vie. Chacun d’eux conservait pourtant son appartement et sa liberté.

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