nisait. Elle ne lui en savait aucun gré ; elle le trouvait faible comme elle. Presque tous les soirs, ils sortaient ; elle promenait à travers les salons parisiens son ennui angoissé, que nul ne devinait sous l’ironie de son sourire toujours armé. Elle cherchait qui l’aimât et la soutînt au-dessus du gouffre… En vain, en vain, en vain. À son appel désespéré, rien ne répondait que le silence.
Elle n’aimait point Christophe ; elle ne pouvait souffrir ses manières rudes, sa franchise blessante, surtout son indifférence. Elle ne l’aimait point ; mais elle avait le sentiment que lui, du moins, il était fort, — un roc au-dessus de la mort. Et elle voulait s’agripper à ce roc, à ce nageur dont la tête dominait les flots, ou le noyer avec elle…
Et puis, ce n’était plus assez d’avoir séparé son mari de ses amis : il fallait les lui prendre. Les femmes les plus honnêtes ont parfois un instinct qui les pousse à tenter jusqu’où va leur pouvoir, et à aller au delà. Dans cet abus de pouvoir, leur faiblesse se prouve sa force. Et quand la femme est égoïste et vaine, elle trouve un plaisir mauvais à voler au mari l’amitié de ses amis. La tâche est bien aisée : il suffit de quelques œillades. Il n’est guère d’homme, honnête ou non, qui n’ait la