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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 8.djvu/202

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LA FIN DU VOYAGE

la tête appuyés sur la table. Il s’éveilla, une heure après. Il alluma sa bougie, rassembla fiévreusement ses papiers, ses effets, fit sa valise, puis se jeta sur son lit, et dormit jusqu’à l’aube. Alors il descendit avec son bagage, et partit. On l’attendit, toute la matinée. On le chercha, tout le jour. Jacqueline, cachant sous l’indifférence un frémissement de colère, affecta avec une ironie insultante de compter son argenterie. Le lendemain soir seulement, Olivier reçut une lettre de Christophe :


« Mon bon vieux, ne m’en veux pas d’être parti comme un fou. Fou, je le suis, tu le sais. Qu’y faire ? Je suis ce que je suis. Merci de ton affectueuse hospitalité. C’était bien bon. Mais vois-tu, je ne suis pas fait pour la vie avec les autres. Pour la vie même, je ne sais pas trop si je suis fait. Je suis fait pour rester dans mon coin, et aimer les gens — de loin : c’est plus prudent. Quand je les vois de trop près, je deviens misanthrope. Et c’est ce que je ne veux pas être. Je veux aimer les hommes, je veux vous aimer tous. Oh ! comme je voudrais vous faire du bien à tous ! Si je pouvais faire que vous fussiez — que tu fusses heureux ! Avec quelle joie je donnerais en échange tout le