Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/130

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— Annette ! d’une voix angoissée.

Dans la phosphorescence indécise de la lune, qui grimpait derrière la grande muraille sombre, une petite forme indistincte surgit de l’ombre blanchissante. Annette cria :

— Chérie !…

et se précipita. Comme une aveugle, les bras tendus…


Dans leur hâte à se joindre, leurs deux corps se heurtèrent. Elles s’étreignirent. Leurs bouches se cherchaient, se trouvèrent…

— Mon Annette !

— Ma Sylvie !

— Ma grande ! mon amour !

— Ma petite bien-aimée !

Leurs mains palpaient, dans les ténèbres, les joues et les cheveux, se promenaient sur la nuque, le cou et les épaules, reprenaient possession du bien, de l’amie perdue.

— Chérie ! s’exclama Sylvie, sentant les épaules nues, tu n’as pas ton manteau ! tu n’as rien pour te couvrir !…

Annette s’aperçut qu’elle n’avait en effet que sa robe de soirée ; et le froid la saisit : elle frissonna.

— Tu es folle ! tu es folle ! criait Sylvie, l’enveloppant, la serrant dans sa cape. Et ses mains, qui continuaient, tout le long,