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Avertissement au Lecteur




Au seuil d’un voyage nouveau qui, sans être aussi long que celui de Jean-Christophe, comptera plus d’une étape, je rappelle aux lecteurs la prière amicale que je leur adressais, à un tournant de l’histoire de mon musicien. En tête de La Révolte, je les avertissais de considérer chaque volume comme un chapitre d’une œuvre en mouvement, dont la pensée se déroule au cours de la vie représentée. Citant le vieux dicton : La fin loue la vie, et le soir le jour, j’ajoutais : Lorsque nous serons au terme, vous jugerez de ce que valait notre effort.

Certes, j’entends que chaque volume ait son caractère propre, qu’il puisse être jugé à part, comme œuvre d’art. Mais il serait prématuré de juger, d’après lui, de la pensée générale. Quand j’écris un roman, je fais choix d’un être avec qui je me sens des affinités ; — (ou plutôt, c’est lui qui me choisit). — Cet être une fois élu, je le laisse libre, je n’ai garde d’y mêler ma personnalité. C’est une charge pesante qu’une person-